5 juillet 2021 1 05 /07 /juillet /2021 15:25

En tant que représentante syndicale depuis de nombreuses années, je constate que le dialogue social est devenu un monologue social. Les corps intermédiaires sont devenus des faire-valoir du ministère. L’éducation nationale est sciemment poussée vers les écueils que sont le privé, le libéralisme et l’autoritarisme, tout comme les autres services publics. Les premières victimes en sont les élèves, qui ne sont plus au centre du système éducatif, et dont l’avenir est réduit à un utilitarisme libéral. Les secondes victimes sont les personnels dont le sens du métier a disparu et dont les conditions d’exercices se sont dégradées, nous regrettons d’ailleurs le grand nombre de jeunes et moins jeunes qui quittent le métier. Pourtant, nombreuses-eux sont, parmi nous, celles et ceux qui ont encore des convictions et qui n’auront plus que la rue pour s’exprimer, SUD éducation les soutiendra sans réserves !

 

Dans l'Orne, dans le 2nd degré, nous faisons face à des situations inadmissibles. Par exemple, concernant le collège Molière de L'Aigle, Madame la DASEN nous avait informés au précédent CTSD que 6h supplémentaires avaient été débloquées. Ces quelques miettes étaient déjà largement insuffisantes pour combler tous les besoins dans ce collège. Nous avons cependant appris que ces 6h de BMP étaient consacrées aux mathématiques car elles compensent un temps partiel de droit qui laisse libres 4h. Ainsi le « cadeau » de la DSDEN se limite à 2h de maths ajoutées à ces 4h de compensation ! Non seulement ces 6h supplémentaires n'existent pas, mais en plus elles ne permettent pas de pallier les insuffisances dans les autres disciplines, en EPS par exemple ou bien dans les matières scientifiques où les dédoublements ont été supprimés alors qu'ils devraient être une priorité selon le BO n°27 du 2 juillet 2015  : "les groupes à effectifs réduits ont vocation à être constitués en priorité pour les sciences expérimentales, la technologie, les langues vivantes étrangères, les langues régionales et l'EMC". Cette gestion impacte évidemment les postes au lycée, car des heures octroyées au collège Molière pour l'EPS auraient permis à une collègue du lycée de rester dans la zone, au lieu d'être envoyée à l'autre bout du département, comme un collègue du LP en Mathématiques". Les collègues ont le sentiment qu'on leur a menti !


Au lycée, un courrier destiné aux chefs d'établissement signé par Madame la DASEN a été transmis aux professeurs principaux de seconde, pour leur donner des indications sur la politique d'orientation à mener. Dans ce courrier daté du 20/05, on apprend que « les filières technologiques et professionnelles représentent des parcours de réussite pour les plus fragiles et notamment celles et ceux issus des classes socio-professionnelles défavorisées ». De plus, le département de l'Orne « se doit d'atteindre les taux académique et national » : 70% de passage en général, 27% en technologique et 3% en professionnel. Ces données confirment bien que l'orientation des élèves a disparu au profit de la « gestion de flux ». On fait totalement abstraction de la réalité et de la spécificité des territoires. L’ascenseur social tant vanté par l’éducation nationale semble irrémédiablement brisé : désormais, les élèves issus de familles plus aisées sont systématiquement envoyés en voie générale, quel que soit leur projet, et on réserve les voies pro et techno aux plus démunis. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé en cette fin d'année : nombre d'élèves ont pu intégrer une filière générale alors qu'ils/elles n'avaient pas du tout le niveau pour y aller, et d'autres se sont vus proposer cette même filière alors qu'ils/elles ne l'avaient même pas demandé, tout cela pour faire gonfler les chiffres et correspondre aux pourcentages prévus par la DSDEN. On lit encore dans ce courrier que « la mobilité non souhaitée par les jeunes Ornais » est une « véritable problématique territoriale qu'il est souhaitable de prendre en compte ». Pourquoi supprimer des sections professionnelles dans ce cas, comme la filière Gestion-Administration au LPO Napoléon ? Pourquoi prévoir des DHG au rabais dans les lycées ruraux, ce qui ne permet pas de proposer les spécialités souhaitées par les élèves ? Une fois encore, les politiques budgétaires prennent le pas sur l'intérêt des élèves ! Ce courrier a suscité l'indignation des collègues mais surtout des parents d'élèves, déjà bien échaudés par la mise en œuvre chaotique et angoissante de la réforme du lycée"! La DSDEN mesure-t-elle les conséquences de ces éléments sur la confiance que les collègues et les usagers [élèves et parents d'élèves] pouvaient encore placer dans l'institution ?

Quant à la diminution de la dotation en AED c'est :

-des heures d'études qui seront bondées, et pendant lesquelles les élèves ne pourront plus être aidé·es, épaulé·es.

-des temps de pause (récréations, pause méridienne) encadrés par moins d'AED et avec de facto davantage de problèmes entre les élèves, problèmes que les AED auront moins de temps pour gérer. On va avoir une augmentation des conflits interpersonnels.

-une ambiance d'établissement qui peut devenir tendue et dont les conséquences se feront sentir aussi en classe, en cours.

-une diminution de la possibilité d'échanges entre élèves et adultes, moins de possibilités de se confier, donc une perte de visibilité sur ce que les élèves vivent dans les établissements et en dehors.

-un encadrement moindre dans les selfs / cantines, donc il sera plus difficile de déceler les troubles alimentaires.

-moins de personnel pour gérer les situations de crise (comment accompagner un élève qui se fait exclure de cours s'il n'y a pas d'AED pour venir la/le chercher?).

-moins d'AED c'est moins de prise en charge de tous les problèmes de santé des élèves (faut-il rappeler qu'il n'y a pas en permanence un·e infirmier·ère dans les établissements).

-idem pour les problèmes sociaux qui sont très souvent signalés par les AED (il n'y a que rarement un·e assistant.e social.e dans les établissements).

Ce sont les AED qui créent un climat scolaire serein ; et un climat scolaire serein c'est la base pour que l'apprentissage se fasse.

La diminution de la dotation d'AED aura des impacts négatifs sur tous et toutes les acteurs/trices de la communauté éducative. Les agent·es, les professeur.e.s, les directions sont aussi concerné.e.s. Ce n’est pas qu’une destruction de postes, c’est une partie de la destruction du système scolaire.


 

Dans le premier degré, nous ne cessons de réclamer des moyens pour aider les élèves en difficulté. Le nombre de postes de RASED ne cesse de diminuer, les postes de PMQC sont fermés, les écoles qui accueillent des élèves à besoins particuliers sont traitées comme les autres écoles comme s'il s'agissait d'une gestion purement comptable. A Boucé par exemple, la moyenne par classe est nettement supérieure à la moyenne départementale alors qu'il s'agit d'une école accueillant de nombreux élèves en souffrance. Nous vous avons alerté aussi sur les ULIS et IME qui pour certaines accueillent un nombre trop élevé d'élèves. Là aussi, aucune réponse à nos demandes.

Quant aux répartitions, vous nous confirmiez au dernier CTSD que c'était de la responsabilité du conseil de maitres-esses et de la direction, pourtant certaines écoles voient toujours les répartitions proposées refusées par l'administration. A nouveau, nous ne pouvons que constater l'écart entre les propos tenus et la réalité du terrain.

Enfin, comment ne pas réagir aux problèmes posés depuis la mise en place des PIALs. Les conditions de travail des AESH se sont considérablement détériorées, les élèves en situation de handicap ne sont pas correctement accompagné.e.s, les équipes, les familles, les classes sont complètement déstabilisées. Alors que les élèves en situation de handicap sont d'habitude accueilli.e.s à bras ouverts, leur insertion en milieu ordinaire suscite à présent beaucoup d'inquiétude. Ça ne devrait pas être le cas car chacun.e sait qu'un.e élève en situation de handicap scolarisé.e en milieu ordinaire apporte beaucoup à sa classe et inversement.

Partager cet article
Repost0
Published by SUD 61