19 juin 2020 5 19 /06 /juin /2020 07:07

Communiqué du 18 juin de SUD éducation Tarn

Un appel plein de bon sens

Blanquer nous avait annoncé 5 % d’élèves en décrochage. Comme toujours, on ne sait pas d’où sortent ses chiffres, il n’y a pas eu d’enquête digne de ce nom sur les élèves dont les enseignant.es n’avaient pas de nouvelles. Cela dit, depuis 2019 et les 0,01 % d’enseignant.es mécontent.es on le savait fâché avec les chiffres. Quoi qu’il en soit les élèves qui n’ont pas donné signe de vie ne l’ont pas fait par fainéantise mais à cause du manque de matériel, des difficultés pour les parents de les aider (temps, plusieurs enfants d’âge différent..) et aussi de la surcharge de travail donné par des profs qui avaient du mal à se coordonner. Si décrochage il y a eu, il est inhérent au travail à distance et non du fait des élèves eux mêmes.

Et maintenant, si tous les élèves ne sont pas revenus en classe c’est à cause du protocole sanitaire qui est très lourd voire ingérable, non à cause des enseignant.es.

Car après avoir fustigé les élèves c’est au tour des profs de faire les frais des propos calomnieux de Blanquer.

Il y aurait 5 % (décidément) de profs décrocheurs. Là non plus aucune enquête sérieuse ne vient étayer ces propos, encore un chiffre lancé au hasard. De toute façon, les enseignant.es qui ne sont pas encore revenu.es sur leur établissement ont de bonnes raisons : problème de santé, vivre avec une personne vulnérable, emploi du temps établi en fonction des élèves présents, travail à distance à continuer pour les élèves à la maison… Blanquer affirme qu’à partir du 22 juin il faudra un certificat médical pour rester chez soi, s’il s’intéressait de près à cette reprise il saurait que c’est le cas depuis le 12 mai. De plus, autoriser la reprise pour tous les élèves brutalement le 22 Juin, c’est faire peser une nouvelle fois, sur les enseignant-es la responsabilité de re-modifier l’agencement des locaux et les contenus pédagogiques pour accueillir tout le monde, alors qu’aucun temps n’est prévu pour cela.

Quel mépris et quelle méconnaissance des réalités de travail des enseignant-es de la part de notre «autorité de tutelle »!

Depuis qu’il est arrivé au ministère, Blanquer multiplie les propos insultants envers les personnels. Mais là, la coupe est pleine surtout après la période que nous avons vécue. Période durant laquelle les enseignant.es, se sont porté.es volontaires en masse pour la garde des enfants de soignant.es, ont assuré le travail à distance, la réouverture des établissements, dans des procédures de travail inédites, et cela sans aucune aide de la hiérarchie, dans un climat d’impréparation et de précipitation permanentes.

Ministre et hiérarchie ont pu compter sur nous mais la réciproque n’est pas vraie.

 

Où le journal de BFM fait office de circulaire.

Nous avons souffert des annonces faites avant que l’organisation n’ait été pensée, renvoyant dos à dos des parents dans l’attente suite à ces annonces et des enseignants dans l’attente de consignes claires. Nous n’avions souvent pas d’autres infos que celles données par les médias.

Nos conditions de travail ont empiré, les heures se sont multipliées, l’espace de travail est devenu flou, le groupe classe a disparu. Nous avons dû nous adapter en permanence et dans l’urgence selon les propos gouvernementaux parfois du jour pour le lendemain (3 changements depuis le 12 mai).

Alors s’il y a eu décrochage il ne se situe que du côté de la hiérarchie qui a brillé par son absence, faisant porter sur nos épaules et celles des maires toute l’organisation et la responsabilité.

Mais nous l’avons fait parce qu’il fallait le faire, et comme les personnels hospitaliers il est temps maintenant de régler les comptes.

 

Diviser parents et enseignant.es pour mieux régner.

Blanquer a également associé les prétendus décrocheurs aux grévistes de 2019. Or, on ne fait pas grève par fainéantise mais parce qu’on dénonce les mesures prises par ce même ministre, mesures qui n’ont d’autre but que de détruire l’école publique.

Il veut nous jeter à la vindicte populaire pour faire oublier tous les manquements dont il a fait preuve.

Nous ne serons pas ses bouc-émissaires. Nous en avons marre de son mépris, marre de travailler dans des conditions déplorables encore aggravées par la crise sanitaire. Combien faudra-t- il encore de burn-out ou de suicides pour que la situation change ?

Nous sommes en colère et notre colère est légitime. Il est temps de la crier haut et fort. Il est temps qu’elle soit entendue. Et ce ne sont ni ses soi-disant remerciements pour les 95 % de bon.nes enseignant.es ni ses primes dont on ne verra jamais le jour qui vont nous faire taire.

Heureusement bon nombre de parents ne sont pas dupes. Il est plus que jamais temps de faire le bilan de ce que nous venons de vivre, pour prévenir les mesures délétères qui se profilent déjà (école du numérique, nouvelle baisse de moyens humains..) et de nous battre parents et enseignant.es pour une école publique digne de ce nom au service des enfants.


 

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19 juin 2020 5 19 /06 /juin /2020 07:03

Communiqué de SUD éducation

SUD éducation se réjouit du succès des manifestations de ces derniers jours qui ont mis sur le devant de la scène les questions du racisme d’État et des violences policières.
En parallèle, un puissant mouvement social contre le racisme d’état et les violences policières s’organise, suite à la mort de Georges Floyd mais aussi en soutien à Adama Traoré et à toutes les victimes de violences policières en France. Les violences policières se sont démultipliées pendant la période de confinement, particulièrement dans les quartiers populaires, et ne se sont pas arrêtées avec le déconfinement.

SUD éducation dénonce sans relâche le traitement réservé par les pouvoirs publics aux quartiers populaires, où sont largement concentrées les personnes racisées, en matière d’éducation.

Le racisme et les préjugés nauséabonds se retrouvent jusqu’au plus haut sommet de la hiérarchie.

Depuis le début de l’année scolaire 2019-2020, le ministre Blanquer a multiplié les sorties scandaleuses, créant des polémiques stigmatisant les personnes musulmanes ou supposées telles. Il a été démenti par ses propres services sur le prétendu défaut de scolarisation des petites filles musulmanes. Il a attaqué la FCPE à propos d’une affiche de campagne montrant une femme portant le voile. Il s’est refusé à condamner l’agression d’une mère d’élève portant le voile accompagnant une sortie scolaire par un élu RN. Ses services ont publié durant le confinement une fiche stigmatisant explicitement les musulman-e-s.
Le ministre Blanquer s’attaque au seul programme qui vise à compenser les inégalités sociales entre les centre-villes et les quartiers populaires, le réseau d’éducation prioritaire.

Le racisme d’État trouve son expression dans l’Éducation nationale, et dans le projet de société réactionnaire porté au sommet de l’institution. SUD éducation appelle, avec son union syndicale Solidaires, à participer massivement à toutes les initiatives prévues, et à renforcer la dynamique en cours.

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19 juin 2020 5 19 /06 /juin /2020 06:59

Communiqué de presse fédération Sud éducation

SUD éducation a participé ce jeudi 18 juin à une audience en multilatérale au Conseil supérieur des programmes au sujet du bilan des programmes de seconde et de première, et pour anticiper le programme de terminale l’année prochaine.
SUD éducation a rappelé l’envoi de son courrier concernant la nécessité d’aménager au plus vite les programmes sur l’année prochaine, pour tenir compte des inégalités qui se sont accrues pendant la période de confinement.

Nous avons dénoncé la réforme du lycée générale et technologique, sans quoi il n’était pas question de faire des remarques sur les programmes en eux-mêmes. En effet, l’organisation locale des E3C et le choix dans les banques de sujets démonte, en même temps que le caractère national du baccalauréat, le caractère national des programmes. La nécessité pour les enseignant-e-s d’évaluer les élèves en plus des E3C conduit à un bachotage permanent et à un survol des notions, entravant la liberté pédagogique. Enfin, l’examen des programmes ne peut se faire qu’à l’aune du manque de moyens et de l’effet d’aubaine que représente la réforme du lycée en termes de suppressions de postes.
En ce qui concerne les contenus, nous avons dénoncé leur lourdeur (pour l’ensemble des disciplines), l’entrave à la liberté pédagogique (en particulier pour le Français en 1ère et la fin de la possibilité pour les enseignant-e-s de choisir les œuvres), et les partis-pris idéologiques libéraux et réactionnaires (en SES et en Histoire).
Durant les échanges sur le bilan des enseignements pendant le confinement, SUD éducation a rappelé qu’il était inadmissible de parler de « continuité pédagogique », ce qui laissait entendre que les programmes se poursuivaient, mettant une pression inacceptable sur les personnels, les élèves et leurs familles. Nous avons expliqué que nous qualifions plutôt de « lien scolaire" ce qu’avaient fait, avec beaucoup de professionnalisme, l’ensemble des enseignant-e-s. Concernant l’usage du numérique, nous avons dit que le confinement avait bien montré ses limites , notamment en termes de facteur aggravant pour les inégalités scolaires.

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19 juin 2020 5 19 /06 /juin /2020 06:57

Communiqué de SUD éducation et SUD Recherche EPST

Emplois précaires, soumission de la recherche, effets d’annonce budgétaires : contre la LPPR, SUD éducation et SUD recherche EPST boycottent le CNESER du 12 juin

SUD éducation et SUD recherche EPST, de concert avec d’autres organisations syndicales, ont décidé de boycotter la séance du CNESER de ce vendredi 12 juin, destinée à une information sur le projet de loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Le Ministère nous impose un calendrier accéléré, pour recueillir l’avis des instances de représentation du personnel (CNESER, CTMESR et CTU [1]) en l’espace de seulement deux semaines après la divulgation du texte. En ne se donnant même pas le temps de prendre en compte les amendements proposés par chaque instance, le Ministère confirme sa volonté de passer en force autant que son mépris pour la voix du personnel et de ses élu-e-s.

Cette marche forcée serait motivée par une présentation rapide, début juillet 2020, au conseil des ministres, alors même qu’on nous assure qu’il n’y aurait pas encore de temps prévu dans l’agenda parlementaire. Alors, où est l’urgence ? Nos organisations syndicales s’élèvent contre ce calendrier qui ne peut être compris que comme une tentative indigne de prendre de vitesse une communauté universitaire et scientifique qui, très majoritairement hostile à ce projet LPPR, sort épuisée du confinement.

Nos organisations syndicales n’ont disposé que de quelques jours pour prendre connaissance du texte du projet de loi, qui touche à la fois au code de la recherche et au code de l’éducation, et même au code du travail. Dans ces conditions, bien des pièges ont pu nous échapper, en particulier sur les points qui nous ont été soigneusement dissimulés dans les discussions préalables. Toutefois, le tableau qui se présente à nous n’en est pas moins effrayant.

Emploi : la précarité à vie

Ce projet de loi répond manifestement à une ligne purement idéologique. Nous en voulons pour preuve le rapport annexé, qui souligne le décrochage de l’outil de recherche français. Or, comment ce décrochage s’est-il produit ? Il résulte de la casse de ce qui en faisait notre force : l’attractivité que lui donnaient la stabilité des structures et la pérennité des statuts. Celles-ci ont été progressivement sapées par la mise en place de l’ANR et de l’AERES [2] (loi Fillon), par l’austérité et la réorganisation brutale programmées par les lois Pécresse et Fioraso, par la mise en concurrence pour les financements dits « d’excellence ». Et que propose aujourd’hui ce projet pour lutter contre ce décrochage ? D’aller encore plus loin dans cette voie, de renforcer tout ce que le CNESER a dénoncé au sujet des PIA (Programme d’investissements d’avenir), de la logique du financement par projet, du CIR (Crédit impôt recherche) (voir les textes ici).

En effet, ce projet de loi contient des dispositions réellement catastrophiques, assorties de déclarations de principe qui ne sont que de la "poudre aux yeux". Un exemple, parmi beaucoup en est la projection des « effets [de la loi] sur le nombre d’emploi sous plafond », plafonds qui ne sont de toutes façons pas atteints faute de moyens que ce projet ne leur octroie pas d’avantage.

Là où la force de notre service public d’enseignement et de recherche résidait dans des emplois de titulaires, ce projet de loi propose de créer des situations de précarité à vie, par l’enchaînement de contrats de mission. Certes, il prévoit de conserver quelques emplois de titulaires, mais de préférence réservés à des "excellents" recrutés sans concours (les "tenure tracks").

Le texte va même jusqu’à prévoir des aménagements du droit du travail ; ainsi, pour faire de la recherche, on pourrait déroger au droit commun dans le public comme dans le privé : non pas pour être mieux payé, non pas pour avoir de meilleures conditions de travail, mais pour pouvoir rester précaires plus longtemps. Et le ministère ose appeler ça « améliorer l’attractivité des métiers scientifiques » !

Recherche : court-termisme et soumission

Le transfert des augmentations des moyens vers l’ANR, véritable machine à déstabiliser les équipes et à bloquer les stratégies scientifiques à long-terme, renforce les logiques délétères déjà à l’œuvre. La crise sanitaire n’aura-t-elle donc rien appris à ce Ministère, qui met ici tout en place pour que la prochaine fasse encore plus de dégâts : toujours financer des projets selon la mode du moment, toujours mettre en concurrence les individus et les équipes, ce qui ne peut qu’inciter à des écarts à la déontologie pour rechercher le "buzz" et à une explosion de la fraude scientifique, au détriment de la diversité thématique, de la coopération et de la fiabilité des résultats.

Ce que nous savons, ce que le CNESER a déjà démontré chiffres à l’appui, c’est que l’augmentation du poids de l’ANR, surtout à travers des projets "blancs", ne peut qu’entraîner l’impossibilité de mener une politique scientifique à long-terme, ne peut que transformer les structures en simples hôtels à projets, hébergeant des équipes en concurrence entre elles, sans synergie, sans visibilité, dans un temps politique et médiatique qui n’a rien à voir avec le temps scientifique. Et l’augmentation du préciput n’y changera rien : ce ne sera qu’une source de tensions supplémentaires entre les équipes et leurs établissements, encore une raison de porter en avant celles et ceux qui "vont chercher l’argent" au détriment des équipes qui font la recherche, encore une source de pression pour arroser là où c’est mouillé en s’opposant à une mutualisation qui permettrait d’équilibrer un peu les choses.

Selon le rapport annexé, les organismes nationaux de recherche devraient devenir, , le « bras armé de l’État » au service de politiques publiques ! Tout en affirmant dans la même phrase « le plein respect de la liberté de la recherche » !
De fait, le renforcement de la contractualisation des acteurs, c’est la soumission de la politique scientifique aux souhaits de l’appareil politique. Et c’est clairement dit : "Renforcer l’engagement des établissements dans les orientations et les politiques de l’ESRI,", "accroître la mobilisation des établissements sur les priorités de la relance" ! Les contrats d’objectifs et de moyens seront là pour faire pression sur les organismes, « en leur attribuant des crédits non pérennes (dans le cadre des contrats, avec une visibilité pluriannuelle) » : Tout le contraire de ce dont les établissements ont besoin. Non content d’augmenter le financement par projet, le projet de LPPR rend même le financement des infrastructures non pérenne.
Et pour mettre la pression encore davantage, le HCERES [3] sera recadré, davantage aux ordres : l’HCERES doit produire une "évaluation plus globale et plus stratégique" et "permettre d’affecter spécifiquement des moyens".
Pour ce qui est « d’amplifier l’apport de la recherche à toute la société », nous ne pouvons qu’être d’accord. Mais ce que ce projet de loi prévoit, c’est encore plus de détournement de fonds publics ; les articles 12 et 13 sont une invitation à vendre les travaux des instituts publics, même s’il ne s’agit pas de ses propres travaux !

Mesures budgétaires : des effets d’annonce

Enfin, les mesures budgétaires annoncées constituent un affront à l’intelligence de la communauté universitaire et scientifique :
• - au lieu d’une revalorisation salariale, des "primes" pour le personnel ; enfin, pas pour tout le personnel mais seulement pour quelques-un-es, qui conduisent à une augmentation moyenne correspondant à peine à la moitié de l’inflation constatée ces dernières années (1,20% par an en moyenne depuis 2007, 1,05% depuis 2016).
• - une augmentation budgétaire globale (en moyenne 2.4%/an) à peine supérieure à celles observées depuis 2016 et inférieure à l’augmentation du PIB (2.7%/an en moyenne sur la même période). En projetant les effets de la loi sur la DIRDA (dépense intérieure de recherche et développement de l’administration) d’aujourd’hui, on arriverait à environ 23 Milliards d’€ (contre 18 aujourd’hui) en 2030. En projetant l’évolution du PIB depuis 2006 (pour inclure la récession de 2009 et les "années noires" de 2010-2014), soit 2,11% par an en moyenne, le budget en 2030 correspondrait à 0,76% du PIB, soit à peine plus que le niveau de 2019 (0,75%), et toujours inférieur à celui de 2016 (0,78%) donné dans le rapport annexé au projet de loi. On comprend pourquoi l’objectif des 1% est repoussé à 2040, puisque on ne rattrape même pas la perte subie ces dernières années. Surtout que ces dispositions budgétaires ne valent que ce que valent les promesses, car toujours dépendantes du vote de l’ensemble du budget lors des lois de finances.

Une loi de programmation POUR la recherche et non pas DE la recherche aurait pu être l’occasion de renforcer ce qui marche : la stabilité des structures et des personnes qui permet de respecter le temps propre de la recherche, la coopération entre structures nationales et régionales, la couverture thématique large, le travail collectif, l’évaluation-conseil. Elle aurait pu lutter contre ce qui ne marche pas : la sclérose thématique, les effets de mode, la fausse interdisciplinarité, la starification, la compétition et la concurrence, le pouvoir des petits-chefs, le publish or perish, l’évaluation sanction, le financement par projets prédominant... Elle aurait pu être l’occasion de réformer les organismes nationaux de recherche pour mieux leur permettre d’œuvrer à sauvegarder l’universalité de la science, à l’émergence de nouvelles thématiques, pour leur permettre de parer aux difficultés de la structuration en disciplines, réels obstacles à la pluridisciplinarité tant vantée et jamais facilitée.

Au lieu de cela, nous ne voyons que l’aggravation de la politique même de ce qui a conduit au fameux « décrochage » mis en exergue pour tenter bien misérablement de justifier ce projet.

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16 juin 2020 2 16 /06 /juin /2020 06:23
« Agir pour l’École » (*) : ni pendant l’année scolaire, ni pendant les vacances !

Communiqué unitaire, 15/06/2020

Dans le contexte sanitaire que nous connaissons, où les enseignements ont dû se faire à distance à partir du 13 mars dernier, l’association « Agir pour l’école » tente de présenter son opération « un été pour préparer le CP » comme la solution miracle, « au chevet » des futur-es élèves de CP de certains quartiers populaires.

Ce projet de « vacances apprenantes » pourrait se déployer dans plusieurs endroits (dont le Nord et le Pas-de-Calais) avec l’objectif affiché de « permettre aux enfants de Grande Section de maternelle en REP/ REP+ de rattraper le travail de la phonologie, habituellement mené en mars-avril en GS, au mois de juillet, grâce aux outils numériques de l’association. » A une période de trois semaines de stage, tous les matins de juillet, encadrée par des membres de l’association aux compétences pédagogiques non reconnues, succéderait une période de cinq semaines de sessions courtes et quotidiennes à la maison, sur support numérique. Contournant ainsi la résistance des enseignant-es, « Agir pour l’Ecole » veut s’adresser directement aux parents et s’appuyer sur l’enseignement distanciel qui continue d’isoler les élèves.

Les organisations signataires rappellent qu’Agir pour l’École, contrairement aux mouvements d’éducation populaire, n’est pas agréée comme association complémentaire de l’École et que ses protocoles suscitent de nombreuses réserves et critiques : la focalisation de l’enseignement de la lecture sur la seule dimension
phonologique, l’entraînement mécanique à l’oralisation de syllabes et pseudo-mots coupé de tout objectif de compréhension, la mise en œuvre de protocoles techniques sans lien avec la culture écrite n’offrent qu’une entrée appauvrie dans l’univers de l’écrit à des enfants qui en sont déjà très éloigné-es. L’efficacité présumée de la méthode n’a jamais fait l’objet d’une validation scientifique indépendante ou issue de l’institution. Toute méthode fondée sur une individualisation excessive comme celle prônée par Agir pour l’École accentue les inégalités.

Au sortir de longs mois où toutes et tous les élèves ont été éloigné-es, et parfois complètement coupé-es de l’école, ce type de protocole, en lieu et place de vacances qui pourraient être source de découvertes culturelles et de pratiques éducatives enrichissantes et émancipatrices, ne manquera pas de reconvoquer le même type de difficultés que beaucoup d’enfants et leurs familles ont rencontré lors du confinement (conflits intrafamiliaux autour du travail scolaire, évitement, décrochage...). Ce protocole est contreproductif pour des enfants qui ont droit à de vraies vacances et ont avant tout besoin de ressourcer leur envie d’apprendre par la socialisation et l’ouverture, en particulier dans les accueils collectifs de loisirs et colonies de vacances proposés par les acteurs et les actrices reconnu-es de l’Éducation Populaire.

Enfin, le dispositif « un été pour préparer le CP » est présenté aux municipalités opératrices des « vacances apprenantes » par les services de l’Éducation nationale : il est inadmissible que l’institution puisse faire la promotion d’Agir pour l’École. Les organisations co-signataires dénoncent avec force ces pratiques contraires à la déontologie et aux valeurs du service public, tout entier mobilisé pour préparer une rentrée 2020, qui pourra compter sur le professionnalisme des enseignant-es, comme sur celui des acteurs et actrices de l’éducation populaire.

Nous appelons les élu-es à bien se renseigner sur ce projet avant de valider un dispositif qui maintient les enfants des quartiers populaires dans des apprentissages appauvris, très éloignés de l’ambition partagée de les faire accéder à une culture commune. De même, nous appelons les personnels de l’Éducation nationale à résister aux pressions exercées par « Agir pour l’École » ou par l’institution elle-même dans ou autour de l’École.

(*) "Agir pour l’École ", association subventionnée par d’importants fonds privés dont des entreprises du CAC 40 : AXA, HSBC, Suez etc.

Signataires :CEMEA – CRAP – CGT Educ’Action – GFEN – FCPE - ICEM Pédagogie
Freinet – JPA – Ligue de l’Enseignement – SE UNSA – SGEN CFDT – SNPI FSU – SNUipp FSU – SUD Education

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16 juin 2020 2 16 /06 /juin /2020 06:21
Nous exigeons le retrait du projet de Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR)
communiqué intersyndical-CGT (SNTRS-CGT, CGT INRAE, CGT FERC Sup), FSU ( SNESUP, SNCS, SNASUB, SNEP), FO ESR, SUD Éducation, Sud recherche, Solidaires étudiant-e-s, UNEF, Alternative
lundi 15 juin 2020

Mme la Ministre, vous entendez faire voter les avis sur la LPPR le 18 juin au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER), le 19 au Comité Technique ministériel de l’Enseignement supérieur et de la recherche (CT-MESR) et le 22 au Comité Technique des personnels de statut universitaire (CT-U). Toute cette précipitation pour que le texte soit présenté en Conseil des Ministres le 8 juillet. C’est inacceptable !

Vous et votre gouvernement voulez ainsi passer en force malgré l’opposition unanime des organisations représentatives du personnel et des étudiant·e·s de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR). Vous comptez profiter du fait que l’activité présentielle est réduite dans les centres de recherche et les universités, que ces dernières sont fermées au public et que la crise sanitaire impose des mesures de restriction des libertés notamment sur le droit de manifester, pour empêcher les personnels et les étudiant·e·s de prendre pleinement connaissance des conséquences néfastes de ce projet de loi qui modifiera durablement leurs conditions de travail.

Le texte contient tout ce que nous avions dénoncé avant le début du confinement, notamment dans les manifestations du 5 mars :
• Liquidation des statuts avec la mise en place de « tenure tracks », contrats de 3 à 6 ans pouvant concerner jusqu’à 25 % des recrutements de directeurs de recherche et de professeurs ;
• Explosion de la précarité avec la mise en place des « CDI » de mission scientifique pour la durée des projets ;
• Renforcement de la recherche sur projets avec une part croissante du financement des besoins pérennes passant par l’ANR et ses appels à projets ;
• Renforcement du rôle du HCERES avec l’extension de l’évaluation à la totalité des missions des établissements.

Quant aux fameux « engagements » budgétaires sur 10 ans que vous ne cessez de mettre en avant, ils n’engagent en rien les gouvernements à venir. Ainsi l’augmentation prévue pour 2021 n’est que de 357 M€ pour 2021, ce qui est bien loin du compte, d’autant que 149 millions d’euros, soit 41 % du total, iront à l’ANR ! Les établissements de l’enseignement supérieur et la recherche ont besoin tout de suite de financements pour  :
• prolonger immédiatement les contrats doctoraux, les CDD et les stages des étudiants ;
• assumer les dépenses faites dans le cadre de la crise sanitaire (achat de masques, fournitures...) ;
• préparer tant bien que mal une rentrée universitaire à haut risque au sujet de laquelle vous avez fait des déclarations inquiétantes à la presse ;
• redémarrer les expériences en laboratoire : du matériel a été donné aux hôpitaux.

Nos organisations invitent les personnels et les étudiant-e-s à débattre et à se prononcer sous toutes les formes possibles, en présence ou à distance, pour dénoncer ce passage en force, exiger le retrait de ce texte et obtenir l’ouverture de véritables négociations pour un service public national de l’Enseignement supérieur et de la recherche à la hauteur des enjeux immenses. Des motions en ce sens commencent à remonter des universités et laboratoires.

Malgré le contexte difficile, un premier rassemblement de 400 collègues et étudiant·e·s s’est tenu place de la Sorbonne le 12 Juin. Nous continuerons autant que nécessaire à nous rassembler et manifester pour que vous retiriez votre projet qui va totalement à l’encontre des nécessités que la crise sanitaire a largement révélées, à savoir des recherches bénéficiant de financement d’état pérennes, sur le long terme, et menées avec des personnels titulaires et correctement rémunérés.

Nous appelons d’ores et déjà les personnels de l’ESR et étudiant-e-s à rejoindre les manifestations des personnels de santé prévues demain 16 Juin, et à se rassembler devant le CNESER le 18 Juin et le CTMESR le 19 Juin.

Signataires de la déclaration  : CGT (SNTRS-CGT, CGT INRAE, CGT FERC Sup), FSU ( SNESUP, SNCS, SNASUB, SNEP), FO ESR, SUD Éducation, Sud recherche, Solidaires étudiant-e-s, UNEF, Alternative

 
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16 juin 2020 2 16 /06 /juin /2020 06:20
Premier rassemblement pour exiger le retrait du projet de Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR)

Communiqué intersyndical - lundi 15 juin 2020

Vendredi 12 juin, alors que la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, présentait son projet de loi devant le CNESER, 400 travailleu·ses de la recherche et de l’enseignement supérieur et étudiant·es se sont rassemblé·es à Paris devant la Sorbonne, à l’appel conjoint d’une intersyndicale regroupant CGT-INRAE, SNTRS-CGT, CGT- FERCSup, FO ESR, SUD Recherche-EPST, SUD éducation, SNESUP-FSU, SNEP-FSU, SNCS-FSU, SNASUB-FSU, Solidaires Étudiant-e-s et UNEF, et de la Coordination des Facs et Labos en lutte.

Malgré le contexte difficile lié à l’état d’urgence sanitaire, elles et ils ont manifesté à Paris et ailleurs, trois mois après les grandes manifestations du 5 mars, pour signifier à la Ministre et à son gouvernement leur exigence de retrait de la LPPR qui ne vise qu’à augmenter encore plus la précarité du personnel de l’ESR comme des laboratoires et qui va totalement à l’encontre des nécessités que la crise sanitaire a largement révélées, à savoir des recherches bénéficiant de financement d’État pérennes, sur le long terme, et menées avec des personnels titulaires.

Mme Vidal et son gouvernement ayant décidé de passer en force pour faire adopter au plus vite cette loi, les participant·es ont décidé de continuer autant que nécessaire à se rassembler et à manifester pour que ce projet soit retiré.
Il a été proposé de :

  • exiger la liberté de manifestation et de réunion, notamment syndicales, et la fin de l’état d’urgence qui n’a de sanitaire que le nom ;
  • prendre position par des motions partout dans les universités et unités de recherche, en présence ou en virtuel, pour le retrait de la LPPR et de les adresser à Mme Vidal ;
  • constituer des cortèges ESR dans les manifestations du mardi 16 juin des travailleu·ses de la santé car leurs revendications sont les nôtres ;
  • manifester à nouveau lors des prochaines réunions du CNESER et du CTMESR.

Signataires : CGT-INRAE, SNTRS-CGT, CGT-FERCSup, FO-ESR, SUD Recherche-EPST, SUD éducation, Solidaires Étudiant-e-s, Coordination des facs et labos en lutte, L’Alternative

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16 juin 2020 2 16 /06 /juin /2020 06:18

https://www.sudeducation.org/lettre/fede/2020/06/15062020.html

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16 juin 2020 2 16 /06 /juin /2020 06:17

Frais d’inscription dans l’enseignement supérieur : malgré les conclusions du rapporteur public, le Conseil d’Etat se doit de trancher en faveur de l’égalité et de la gratuité !

Communiqué intersyndical - dimanche 14 juin 2020

Ce vendredi 12 juin, le Conseil d’Etat a examiné le recours de nos organisations opposées à la hausse des frais d’inscription pour les étudiant·e·s étranger·e·s hors UE (mise en place par l’arrêté du 19 avril 2019). En effet, imposer des frais 16 fois plus élevés à des étudiant·e·s parce qu’il·elle·s sont étranger·e·s est discriminant et bien loin d’être une somme « modique » comme l’exigeait le Conseil Constitutionnel il y a quelques mois.

Le principe de gratuité de l’enseignement supérieur remis en cause pour tou·te·s
Alors que le Conseil constitutionnel a confirmé dans sa décision du 11 octobre 2019, la valeur constitutionnelle de la gratuité de l’instruction publique en indiquant que « cette exigence ne fait pas obstacle, pour ce degré d’enseignement, à ce que des droits d’inscription modiques soient perçus en tenant compte, le cas échéant, des capacités financières des étudiants  », les conclusions du rapporteur public du Conseil d’Etat sont à rebours des principes dégagés par les juges constitutionnels.

Alléguant d’une difficulté technique, le rapporteur public invite le Conseil d’Etat à écarter la prise en compte des capacités financières des étudiant·e·s (toute nationalité confondus) au profit d’une conception globale calquée sur le coût réel de la formation et l’existence de bourses.

Cette modicité relative proposée par le rapporteur public vient vider de sa substance le principe d’égal accès de tou·te·s à l’éducation dès lors que des frais d’inscription à 2770€ voire 3770€ seraient considérés comme modiques au motif que certain·e·s étudiant·e·s pourraient bénéficier des aides sociales et d’exonération des frais d’inscription.

Français·e·s ou étranger·e·s, nous ne pouvons pas payer des frais aussi élevés !
Les aides sociales ne concernent que 27% des étudiant·e·s inscrit·e·s dans l’enseignement supérieur. De même, les mesures d’exonération des frais d’inscription par les président·e·s d’université ne peuvent concerner que 10% des étudiant·e·s inscrit·e·s (français et étrangers).

Cette proposition du rapporteur public démontre un mépris et une méconnaissance de la précarité étudiante, quel que soit le pays d’où l’on vient 3770 euros est une somme énorme à payer ! En France, c’est en moyenne sept mois de loyers pour un·e étudiant·e·. Elle vise à promouvoir une polarisation de l’enseignement supérieur entre des étudiant·e·s bénéficiant des aides sociales et les étudiant·e·s ayant des capacités financières pour s’acquitter de tels frais d’inscription et laisserait ainsi la charge du financement de l’enseignement supérieur aux étudiant·e·s issu·e·s de la classe moyenne.

De façon surprenante, le rapporteur public propose de limiter le bénéfice du principe de gratuité aux seuls diplômes nationaux et d’en écarter les diplômes délivrés par les établissements. Alors que certains bachelors vont se voir décerner dans le cas de la LPPR le grade licence, cette solution laisse la porte d’éventuels abus des établissements qui pourront délivrer des diplômes bénéficiant d’un grade national tout en pratiquant des frais universitaires largement supérieurs à aux frais classiques.

Des conclusions du rapporteur public qui confortent une inégalité de traitement inacceptable
Si les conclusions du rapporteur public propose d’appliquer le principe de gratuité aux étudiant·e·s étranger·e·s le principe de gratuité, la solution proposée vise toutefois leur principe d’égal accès de tou·te·s à l’éducation et que les montants appliqués par l’arrêté du 19 avril 2019 seraient “modiques” et donc abordables pour des jeunes.!

Cette solution serait l’instauration d’une discrimination inacceptable !

Une décision juste du Conseil d’Etat est nécessaire
Nos arguments, appuyés sur des d’éléments juridiques solides, montrent à la fois le caractère discriminant de cet arrêté et l’importance des frais appliqués pour les publics visés. Il est par conséquent nécessaire d’annuler cet arrêté. Convaincu·e·s que le Conseil d’Etat saura prendre une décision juste face à une mesure refusée par l’entièreté de la communauté universitaire, nous attendons la décision finale qui devrait arriver dans les prochaines semaines. Garantir une égalité entre français·e·s et étranger·e·s ainsi que le principe de gratuité de l’enseignement supérieur sont des enjeux très importants pour notre société.

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16 juin 2020 2 16 /06 /juin /2020 06:15

Annonces du président Macron : l’urgence est à préparer la rentrée de septembre

Communiqué de SUD éducation - dimanche 14 juin 2020

Emmanuel Macron a déclaré ce soir dans son discours son souhait de voir rouvrir les écoles et les établissements pour l’ensemble des élèves des écoles et collèges le 22 juin.
Une telle annonce, qui si elle était suivie d’effet ne concrétiserait une réouverture des écoles et établissements que pour deux semaines au maximum. De nombreuses questions restent en suspens : maintien ou non du protocole sanitaire, retour ou non des personnels à risques notamment ? Par ailleurs, de nouveau, le caractère abrupt des annonces n’est pas à même de favoriser une organisation des équipes permettant un retour en classe dans les meilleures conditions.

Le président de la République a également annoncé une nouvelle vague de décentralisation. Pour les services publics, cette annonce est synonyme d’une nouvelle attaque contre les statuts des personnels, une détérioration des conditions de travail et une dégradation de la qualité du service rendu à la population. En ce qui concerne l’éducation, la crise sanitaire a surtout révélé l’arbitraire de la hiérarchie à toutes les échelles dont il a fallu pourtant pallier les manquements, l’incompétence, les multiples injonctions contradictoires. Les décisions renvoyées au local ont accru encore la pression sur les personnels.

Pour SUD éducation, l’urgence n’est pas aux mesures d’affichage, mais à la préparation de la rentrée de septembre.

SUD éducation revendique un plan d’urgence de moyens pour l’éducation et le supérieur, à même de garantir les meilleures conditions de travail possibles pour les personnels, dans des conditions sanitaires acceptables. Il doit notamment comprendre des recrutements massifs de personnels, la titularisation de l’ensemble des non-titulaires sans conditions de concours ni de nationalité et un plan d’investissement massif dans la construction et la rénovation du bâti scolaire permettant d’accueillir les élèves avec davantage d’espaces. La proposition de loi sur la direction d’école, ainsi que le projet de loi LPPR dans le supérieur doivent être retirés.
SUD éducation revendique la suppression des frais d’inscription dans les universités pour les étranger-e-s et l’abandon de Parcoursup : l’université doit être accessible à toutes et tous.

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