Les enseignant-e-s se sont mobilisé-e-s massivement contre les évaluations nationales de CP-CE1 imposées par le ministère l’année dernière. Ces personnels ont fait l’objet de nombreuses tentatives d’intimidation et de répression. Le ministre s’obstine dans son autoritarisme. Il donne cette année un caractère formel aux évaluations nationales en les inscrivant dans sa circulaire de rentrée. Une fois de plus, il oppose son mépris aux inquiétudes légitimes des enseignant-e-s. Ces évaluations sont pourtant été largement critiquables, tant du point de vu de leur contenu, que de leur passation ou de leur traitement sur les serveurs d’Amazon.
Le ministère prétend que ces évaluations nationales qui sont corrigées automatiquement permettraient de cerner au plus près les besoins de chaque élève afin de leur apporter une aide personnalisée. Or il est illusoire de prétendre individualiser l’aide aux élèves à partir de tests imposés d’en haut sans le consentement des équipes pédagogiques dans des classes aux effectifs surchargés. Ces évaluations sont mal conçues : des exercices trop longs, piégeux, incohérents avec le niveau attendu des élèves et qui, de plus, véhiculent des stéréotypes sexistes. Elles ne sont donc pas un outil au service des enseignant·es et de leurs élèves. Elles constituent ainsi une perte de temps et mettent les élèves en échec. Imposer un tel dispositif entre en contradiction avec les principes qui fondent l’engagement professionnel de nombreux·ses enseignant-e-s. En ce sens, il constitue une cause de souffrance au travail des personnels.
Qui plus est, la circulaire de rentrée prévoit d’ores et déjà d’imposer aux personnels de mettre en œuvre des actions de remédiation sur la base de ces évaluations biaisées, dont on peut supposer qu’elles seront une occasion de plus pour la hiérarchie d’accroître sa mainmise sur les pratiques pédagogiques des personnels. SUD éducation dénonce ces évaluations remettent en cause les compétences professionnelles des enseignant-e-s concepteurs et conceptrices de leur travail en les réduisant au rôle de simples exécutant-e-s.
Ces évaluations ne constituent en rien une aide pertinente pour enseigner mais démontrent la
volonté ministérielle de mettre au pas les enseignant-e-s. Nous l’avons mesuré l’année dernière : ces évaluations sont instrumentalisées par le ministère pour justifier ses orientations et renforcer son contrôle sur les personnels. C’est dans la remontée des réponses que se dévoile le danger de ces évaluations. Derrière un discours prétendument scientifique, le ministre entend normer les pratiques pédagogiques. Le lien avec les animations pédagogiques centrées sur les seuls “apprentissages fondamentaux” est évident.
Le ministre essaie une nouvelle fois de placer les écoles sous la tutelle chef-fe-s d’établissement de collège à travers la mise en place des cités éducatives en REP et REP+, et l’autonomie des personnels de direction s’accroît. Dans ce cadre, ces évaluations sont destinées à classer les établissements, les écoles et les équipes pédagogiques en fonction des résultats. Loin d’être réservées à un usage interne, ces mesures participent au renforcement des inégalités territoriales en imposant progressivement une « culture du résultat » qui permettrait de distribuer les bons et les mauvais points aux équipes enseignantes mises en concurrence.