Nous reprenons ici un article rédigé par Sud Education 49.
Devant l’assemblée nationale, notre vénéré ministre de l’éducation nationale s’est indigné des modalités retenues lors d’un stage de formation syndicale organisé par nos camarades de SUD éducation 93. Après un énoncé des faits quelque peu biaisé de notre révéré ministre faisant l’amalgame entre racialisé et racisé. Racialiser c’est trier une population en fonction de critères raciaux, c’est du racisme. Racisé, en sociologie, c’est le terme qui sert à désigner les personnes victimes de discrimination/oppression en raison de leur appartenance réelle ou supposée à un groupe ethnique ou culturelle. Le raccourci du ministre est un peu gros mais devant l’élite nationale ça passe sans problème. Y paraît même que c’est à ça qu’on les reconnaît !
Puis, il a annoncé sa décision de porter plainte contre SUD Éducation 93 pour avoir l’outrecuidance de parler de racisme d’état. Ce qui lui a valu une ovation debout de tou·tes nos braves député·e·s, Marine Le Pen en tête. C’est dire s’il est cool !
Pourtant, comme le relève François Jarraud sur le café pédagogique « En portant plainte, JM Blanquer donne une tribune aux multiples travaux de sociologie qui attestent de l'apartheid scolaire. S'il est clair que l'État n'a pas pris de loi ou même de circulaire traitant différemment les élèves en fonction de leur "race", il est établi aussi que ce critère est actif dans le fonctionnement du système éducatif. G. Felouzis l'a mis en évidence il y a plus de 10 ans dans les collèges bordelais. Le rapport Dhume a été un autre moment fort pour faire apparaître les travaux des chercheurs. Les enseignants du 93 en ont la preuve directe tous les jours particulièrement en lycée professionnel. » Sans doute, l’ami Jean-Michel n’a pas lu non plus le rapport L’Horty sur les discriminations dans l’accès à l’emploi public remis en juin 2016 au 1er ministre de l’époque.
Le communiqué du ministère sur le sujet est tout aussi hallucinant. On peut y lire qu’il est contraire à la Constitution de questionner le roman national raconté dans les programmes d’histoire, la sur-orientation dans les filières professionnelles des élèves descendant·e·s des immigrations en particulier postcoloniales, l’islamophobie et l’instrumentalisation de la laïcité.
Cette plainte et le communiqué du ministère, étayés par des arguments inacceptables, porte atteinte au droit syndical de façon inédite, SUD éducation 49 les condamne fermement et apporte son soutien à SUD Éducation 93.
Ne nous y trompons pas, cette nouvelle atteinte aux libertés fondamentales est inédite. Elle vise à restreindre la liberté d’opinion des enseignant·es pour imposer une vision réactionnaire de l’éducation tout en méprisant des décennies de recherches universitaires.