La déclaration liminaire à ce premier CTA de l’année nous offre l’occasion de faire un retour sur cette rentrée scolaire. Un an après le lancement de la « refondation », malgré quelques correctifs, la politique éducative du ministère demeure fondamentalement en continuité avec les précédentes.
La politique de votre ministre poursuit l’école du socle commun et des compétences, l’adaptation de l’école aux exigences du marché, la dégradation des conditions de vie et de travail des personnels, la territorialisation du service public (à commencer par l’enseignement professionnel) et la précarisation. Elle s’inscrit dans le cadre de la politique d’austérité poursuivie par le gouvernement pour répondre aux exigences du patronat.
Dans le 1er Degré, pour les élèves et les enseignant-es qui sont passé-es à la semaine de 4.5 jours, c’est la rentrée chaotique de la réforme des rythmes scolaires. Une réforme bricolée, non financée, inégalitaire, imposée malgré l’opposition qu’elle a suscitée. Pour le périscolaire les élèves sont ou seront souvent en sureffectifs avec des personnels mis en difficulté, sans formation adaptée. La fédération SUD Éducation a d’ailleurs déposé un recours pour faire annuler le décret Peillon sur les rythmes. En juillet, le Conseil d’État a rejeté notre demande en procédure d’urgence et il doit se prononcer sur le fond dans les semaines qui viennent. Les mobilisations permettront de créer le rapport de force pour imposer des alternatives. Nous leur apporterons tout notre soutien.
C’est une rentrée où la précarité se développe à tous les niveaux : Assistant de Prévention et de Sécurité, Emplois d’Avenir Professeur... L’effet d’annonce sur la « pérennisation des AVS » ne masque pas qu’il s’agit seulement, après 6 ans de grande précarité en CDD, de leur accorder éventuellement un CDI de droit privé, et non de les titulariser sous statut de fonctionnaire. Cela ne masque pas non plus que beaucoup d’AVS sont aujourd’hui sous contrat aidé et ne sont pas concerné-es par la mesure.
C’est une rentrée sans restauration des RASED, puisque sur les 5000 postes supprimés il n’en est recréé que 72 au niveau national, 0 en Basse-Normandie et encore tous ne seront pas occupés faute de départs en formation ces dernières années.
C’est la rentrée de la confusion dans les écoles et les établissements avec les différents statuts des stagiaires, des étudiant-es de Master 2 admissibles aux fonctionnaires stagiaires admis, en passant par les Emplois d’Avenir Professeur, qui ont fait de cette rentrée sans doute la plus complexe à gérer pour les services sur un plan technique, mais sur le terrain, ce sont bien nos collègues qui doivent faire face aux difficultés.
En collège , en attendant les réformes , la situation ne s'est pas améliorée : les quelques postes saupoudrés dans l'Académie ne peuvent pas remédier au soulagement des classes aux effectifs trop nombreux , donc une mesure totalement inefficace , la mise en route de la liaison CM2/6ème générant du travail supplémentaire , à cela s'ajoutent comme chaque année l'incapacité du Livret de Compétences à rendre compte du parcours d'un-e élève, le faux enseignement que représente l'Histoire Des Arts , la note de Vie Scolaire subjective et inepte , des programmes trop lourds et inadaptés . Il y a bien à s'inquiéter d'une absence de vision d'un enseignement qui prenne en charge
la diversité et la réussite de tous-tes les élèves , et des conditions de travail sereines à la fois pour les enseignant-es et les enfants qui leur sont confiés ,
Dans les lycées professionnels c’est malheureusement la rentrée de la continuité et nous profitons de ce CTA pour y dénoncer encore une fois les conditions.
Le passage de quatre années à trois années de formation a été une catastrophe pour le lycée professionnel. Les effectifs dans les classes se sont envolés, passant de vingt-quatre à trente élèves. Les effectifs dans certains groupes d’enseignement professionnel atteignent vingt élèves, avec le mépris le plus total pour les règles de sécurité. Les dédoublements se réduisent comme peau de chagrin et à ce titre des disciplines sont sacrifiées.
Nous accueillons tout au long de l’année scolaire, des élèves décrocheurs qu’il faut intégrer à la classe, remettant en cause l’équilibre précaire que les enseignant-es avaient réussi à installer.
Nous devons aussi accueillir des primo-arrivants dans des classes souvent déjà difficiles sans véritables moyens. Leur intégration dans notre pays en sera d’autant plus difficile.
Le développement des périodes de formation en entreprise, de 16 semaines à 22 semaines et la généralisation des CCF (80% de la note globale du baccalauréat professionnel et donc la fin du diplôme national) dégradent, à leur tour, les conditions de travail des enseignant-es et d’apprentissage des élèves.
L’accompagnement personnalisé n’en a que le nom. Il est complètement occulté dans les classes de trente élèves, en difficulté scolaire et sociale.
Des séances de travaux pratiques se déroulent avec des effectifs dépassant le seuil limite.
L’épreuve de rattrapage du bac pro n’est toujours pas une épreuve digne de ce nom, les modalités proposées pour cette épreuve sont différentes des autres baccalauréats et sont donc inacceptables,
La labellisation des lycées des métiers continue et nous inquiète car elle officialise notamment la mixité des publics ce qui est une aberration aussi bien pour les élèves que pour les enseignant-es.
Les conditions dans lesquelles se fait la formation secourisme santé au travail (SST). Aucun moyen n’est financé en heure postes et aucun budget n’est prévu pour financer le renouvellement du matériel. Un cahier de doléances a d’ailleurs été remis lors d’un CTA, cahier de doléances écrit par les moniteurs en recyclage ainsi qu’une pétition signée par l’immense majorité des formateurs. Serait-ce ce manque de moyen qui a conduit certains proviseurs à bidouiller des emplois du temps hors du cadre légal, pour organiser cette formation ?
Dans les lycées généraux et technologiques, de même :
- Les dédoublements ne se font pas ou se font au détriment d'autres disciplines
- On intègre également de plus en plus d'élèves en cours d'année
- La majorité des enseignant-es de BTS accueillent des publics mixtes (étudiants, apprentis) qui ne sont pas scolarisés au même rythme, et sont pourtant payés en heures minorées données aux apprentis.
- L'Accompagnement Personnalisé est assuré en contradiction avec les textes (souvent du soutien), ne sert que de variable d'ajustement pour les emplois du temps.
- Les effectifs des classes sont définis en fonction des dotations et non l'inverse. On en arrive à refuser des élèves dans des sections que le ministère dit souhaiter promouvoir comme la STI2D (qui reste une escroquerie intellectuelle).
Il y a urgence à titulariser les précaires, à améliorer enfin les conditions de vie et de travail des enseignant-es, par la réduction du temps de travail, la diminution du nombre d’élèves par classe, la fin des pressions hiérarchiques... Il y a urgence aussi à améliorer le niveau de vie des étudiant-es.